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TROISIEME TEXTE : "Esprits lyriques et critiques" (1), par sab92 (2117 mots, 256 mots imposés sur 262)
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Résumé : Dans l'au-delà, des figures historiques et culturelles s'affrontent au moyen d'une seule arme, le lyrisme.
Leur but : accéder à l'épanouissement absolu.
Mais un seul d'entre eux sera l'élu.
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Dans la ROBE vaporeuse d'un indicible espace-temps, le SPECTRE d'un FUTUR incertain composait une PIECE de théâtre dont la DISTRIBUTION angélique était remarquable. On y croisait MOLIERE, usant de la PARABOLE tel un ARC dévolu à sa cible, et CHARLOT, vantant le pré CARRE de l'Actors Studio et le BOX-office des noms gravés sur The HOLLYWOOD Walk of Fame. Et si la MAGIE du lieu dessinait au TRAIT un CADRE surnaturel et RADIEUX, la DIVISION y régnait pourtant souvent.
La scène décrivait une ENCEINTE, ouatée de nébuleuses, au centre de laquelle un promontoire en forme de CROIX papale émergeait des nimbes. SECONDE APRES seconde, un BLIZZARD en FURIE charriait sa base, semblable au foehn tourmenté fouettant la Pointe de la FOURCHE dans le nord des ALPES.
Suspendu dans ce continuum, le MEUBLE "confessionnel", érigé en MODELE d'autorité, invitait chaque ANGE à s'asseoir sur le BANC flottant à chacune des extrémités de ses traverses latérales. "L'AINE" occupait la BRANCHE centrale. Il veillait à l'EGALITE du temps de parole et au respect de la REGLE administrant la ZONE éthérée.
C'est ainsi que The Post-mortem Lyrical and Spiritual Orgasm CLUB aimait à se réunir depuis des siècles. On y développait l'art de l'oralité posthume comme DECLIC à l'ORGASME psychique.
Avant l'arrivée de Démosthène en 322 av. J.-C., les célestes séjours voyaient NOMBRE de séraphins sombrer dans le GOUFFRE de la confusion d'outre-tombe. En cause : la survivance des fragments mémoriels de la jouissance physique, mais la privation de son ATOUT charnel tangible. Formé à TRICOTER la GAMME de l'élocution sous la GRECE antique et rompu à l'exercice d'AVOCAT à travers une SERIE de PROCES, l'Athénien usa de son DON pour faire de cette AFFAIRE sa nouvelle MOUCHE. Il initia donc les défunts aux pouvoirs de l'ORAL transcendant la délectation sexuelle, au MOTIF que le plaisir des SENS n'était pas TETU au corps.
Ainsi naquit la première COLONIE des âmes lyriques, dont le ROUAGE CAPITAL, structuré autour du beau verbe, de l'ACCORD et de la rime DOUBLE, fût d'encourager les morts à transmuter leur dernière POCHE de frustration terrestre en une plénitude immatérielle. Depuis l'ultime BOND séraphique de Démosthène dans les paradoxes de la MECANIQUE quantique, sa silhouette en SPHINX d'Agost triomphe à jamais sur l'autel sacré.
Finalement rebaptisé, le club éternise de nos jours l'animation du grand HOTEL des trépassés.
L'AFFICHE du jour était complète. Isaac NEWTON occupait le POLE central. Désigné par un obscur PATRON pour couronner l'ensemble de sa CARRIERE, il était l'Ainé. Un PARACHUTE doré en quelque sorte.
Situé à sa DROITE, NAPOLEON faisait FIGURE de fascinateur. Tous avaient en mémoire cette sinistre estampe le caricaturant en SAUVAGE, dans le plus simple APPAREIL, en train de dévorer ses ennemis. On aurait dit un danseur de Butô à TOKYO.
Peu FAROUCHE, ASTERIX siégeait à ses côtés et le toisait d'un air CANAILLE. Sa tunique exhibait l'emblème de l'ECURIE celte : la POELE chaudron et la LOUCHE bretonne entrecroisées.
Dans sa proche BANLIEUE, SHERLOCK Holmes avait revêtu un KILT en NYLON comme un HYMNE gaélique à son créateur Sir Arthur Conan Doyle. Assorti d'un tweed PORTABLE, il se tenait raide comme une tour du Tower BRIDGE.
De tous les OLIBRIUS présents, RICHELIEU était le plus déconcertant. Sa tête était sectionnée et reposait à même l'albâtre. Comme sortie d'un TABLEAU de Francis BACON, la PATE était livide, le teint HOPITAL. L'ensemble ressemblait à une MOMIE sèche mais bien conservée. Le bruit courait, dans l'insubstantiel IMMEUBLE de l'au-delà, que L'EPOUVANTAIL raccourci traquait sans répit le profanateur qui lui avait coupé la BUCHE. Plus loin, VOLTAIRE se pavanait en habits de lumière. Le philosophe faisait face à Newton et chargeait l'atmosphère des effluves de CAMOMILLE qui suintaient d'un gilet COURT dissimulé sous une redingote en velours. Enfin, tout frais débarqués d'une VINAIGRETTE tirée à bras d'âme, Molière et Charlot scellaient la composition de cette table RONDE, que d'aucuns pouvaient IMAGINER sous l'ARRANGEMENT d'une mystérieuse OASIS édénique.
Réunis ainsi en CARAVANE de l'étrange, les acteurs s'évertuaient à PINAILLER au seul but d'atteindre le nirvana intérieur. Prêchant tout leur SAOUL, l'exercice du jour consistait en l'examen au MICROSCOPE des fibres du MONOPOLE de l'esprit.
Fin de l'ENTRACTE. Newton, qui feuilletait une PLAQUETTE de vers, leva le POUCE et encouragea son COMPAGNON Voltaire à engager le débat.
Lequel, dans un élan rempli d'ORGUEIL, tel un SEISME rendant GORGE et ENTRAILLES, pointa le ciel de l'INDEX et clama :
- Moi ! Messieurs ! Je subsiste dans l'ESPRIT des hommes car j'ai existé !
Voltaire maniait les préliminaires avec CLASSE, mais il fut immédiatement interrompu :
- J'ai ouï dire que vous aviez même existé au plus profond d'eux ! dit Astérix. La REMISE du Château de Sans-Souci à BERLIN s'en souvient encore, de même que son SECRETAIRE... Ou peut-être était-ce pour tromper quelque ESPION à la BOTTE de ce REQUIN de Philippe III d'Orléans ?
A travers les embruns emplissant l'air, des rires étouffés brisèrent la solennité de l'atmosphère.
- Mais intervenez Isaac ! tonna Voltaire TAMBOUR battant. Les attaques aux mœurs ne sont-elles pas proscrites ?
- Hem... oui certes. Les EPAULEs en PORTEMANTEAU, Newton se rehaussa soudainement et interpella le gaulois.
- Mon ami, votre FRANCHISE ne sied pas à notre ETUDE. Ainsi qu'une BROSSE A DENTS ne décrotte pas les sangliers, RENSEIGNEMENT n'est point enseignement. Discourez, mais de grâce, gardez-vous ici d'y laver votre LINGE sale.
Newton fit signe à Voltaire de poursuivre. L'homme se racla la gorge et, rajustant le COL de sa redingote, il enchaîna :
- Ô MISERABLE, gaussez-vous. L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE dont vous êtes pourvu n'est que PROJECTION d'auteur. VIVRE est tout autre chose. Du LUSTRE où j'éclairais le monde jusqu'à cet instant, mon DESTIN a marqué les consciences. Ma matérialité PHYSIQUE a fixé ma CONTINUITE mémorielle. A l'instar de notre cher Holmes, vous n'existez que par procuration. Une PAGE de dessin ou de scénario ne fait pas l'Histoire ! Pour sûr ébranlez-vous sans doute, comme tout PARASITE, quelque CELLULE mnésique chez un BELGE ou un AGENT de la reine ; mais voyons, Messieurs, le CHAUSSON n'est-il pas à la mule en étoffe de soie ce que votre non-être est à mon existence ? Non, mes amis, JALOUX, vous sommeillerez ! Et pour votre univers de bulles comme pour l'ANGLETERRE, anecdotiques, vous resterez !
Plus tôt PASSIF, Sherlock se sentit comme le BLAIREAU qu'il fallait débusquer. L'IRIS alerte, il arrangea son CARREAU monocle en fronçant le sourcil, se mit DEBOUT et fit face à son détracteur.
- Cuistre ! Cessez de faire le COQ, Voltaire ! Vous n'occupez pas un SIEGE à la TRIBUNE de l'Assemblée Nationale ! Pousser la FARCE jusqu'à vous affubler d'un CADUCEE, c'est faire montre de mépris à votre dernier ASILE. Ici ! Au firmament comme sur terre, le ridicule tue ! Et à défaut de le FRISER, l'incarner semble être le CLOU de votre arrogant spectacle. PESTE morgue ! Lâchez cette CANNE d'olivier et reprenez pied dans la réalité ! Votre éloquente TAMBOUILLE ne CHARME que votre COURONNE. Ne cédez pas au chant des SIRENEs de l'IDOLATRIE, celle qui MEMBRE le FANTASME de l'immortalité. Vous existâtes, certes, mais vous êtes bien mort !
Napoléon prit alors la parole.
- FOIN de nostalgie, Voltaire. Notre vigueur biologique n'est effectivement plus. Nous sommes au CARREFOUR d'entre les mondes et vous persistez en la croyance du LIEN qui vous rattache aux vivants. Tout au plus un RAT de bibliothèque se souvient-il encore de vous. Néanmoins, votre attaque est singulière au BOURDON et tintouin de mes oreilles, car Messieurs, voyez l'imposture ! Ce nain à MOUSTACHE n'est qu'un artifice ! Un BONSAI qu'une absence de soins anéantirait. Et ce Holmes ! N'est-il pas à la culture ce que le MARTIEN est à l'ufologie ? C'est-à-dire un mythe ? Voyons, votre crédulité est pitoyable. A tout croire, pourquoi ne pas traquer ensemble le DINOSAURE sur les Îles KANGOUROU ?
Hilare, Napoléon bascula en despote rageur.
- Fi ! de tout cela. Pour marquer les esprits du MENU peuple, rien ne vaut le BAISER de la faucheuse ! Qui CAFARD, menace du royaume, ou FOURMI insignifiante, frein à mes conquêtes, qui ALLEMAND de Leipzig, qui sujet de ROME ou de Montebello, combien furent-ils à m'ériger en VASE de miséricorde, voire en dieu tout puissant ? Ha, ha, ha !
Le rire tonitruant de Napoléon emplit une salle revigorée par les applaudissements. Il empoigna d'une main son glaive à poignée d'or qu'une BRETELLE d'étoffe maintenait contre sa hanche, enserra de l'autre une POIRE à poudre militaire et salua la place avant de se rasseoir.
Enfin, Molière se dressa à son tour.
- Vous n'êtes assurément point MANCHOT de la langue, Bonaparte. Cependant, tout éloge gardé, ceux qui furent transformés en chair à CANON, ou passés à la MOULINETTE sous vos obusiers, ne conservent certainement de votre TOURNEE militaire que le souvenir d'un SAFARI meurtrier. Alors ? Quid de la véritable survivance posthume dans les esprits ? Celle évoquant notre existence comme un FACTEUR de progrès humain ou celle résonnant dans les crânes, telle une ALARME, afin d'éveiller la raison que votre vision du monde emprisonnerait dans un ANNEAU de SORCIERE ?
Molière pointait l'homme d'un doigt accusateur et dénonçait qu'en son temps, quelque MIRAUD eut pu, contre BOURSE bien pesée, ensemencer les esprits naïfs de son GRAIN nauséabond et, bien que toujours végétant dans certaines cervelles en une GRENADE idéologique...
- ... Aujourd'hui ! Dans les campagnes de Wagram ! POIS et NAVET germent sur un lit de sangs mêlés ! Tout ! Tout en terre évoque la RACINE du mal qui la souilla. 70 000 hommes disparurent au cours de votre BAZAR guerrier, dont quelque MOME en âge de se battre. A la ROULETTE de la vie, vous êtes MILLIONNAIRE. COMPTER les morts, quel héritage dérisoire. Je vous regarde mon ami, ici, parmi nous, et je vois un SERPENT qui a changé de peau mais qui GARDE sa nature.
A ces mots, la DEMARCHE opéra. Un FAISCEAU d'approbation unit l'assistance dans un accord parfait, UNIFORME. La NOTE résonna en CLE de sol et emplit du diapason l'océan divin qu'un chant de BALEINE aurait traversé d'un bout à l'autre s'il eut été l'ATLANTIQUE. Le VOLUME délicat de la vague sonore ondulait dans l'espace, semblable au vol langoureux d'une RAIE manta brisant le silence des profondeurs.
Elevé en parangon de VERTU, Molière sentit le VOILE phonique l'envelopper, puis le porter dans les airs, HAGARD. Il se souvint de la lévitation terminale de Démosthène, comprit et consentit. Il s'abandonna alors aux GRIFFEs amoureuses du mystère et se laissa DESHABILLER et EMBRASSER par l'enivrement des sons.
L'écho se mua soudain en TUBE spiralé qui, drapant son corps, le faisait tournoyer sur lui-même. Semblable à une chaîne d'ADN composée d'un BANDEAU d'acides aminés, une BANQUE de données bourgeonna progressivement à sa surface. Des CODEs et des signes apparurent. Des lettres, des mots, puis des dialectes et des langues. On y reconnaissait des formes latines, grecques ou cyrilliques, mais aussi des reliefs du braille, du MORSE ; quelques fragmentations verbales de VERLAN, des idiomes d'AMERIQUE tels que l'ESQUIMAU-aléoute ou l'iroquoien INDIEN ; des langues confidentielles comme le talien de RIO Grande Do Sul ou le jivaro parlé en EQUATEUR.
Sur l'écorce de l'insaisissable DRONE linguistique, toutes les formes humaines du verbal, de l'écrit et de la signalétique s'amalgamaient en un CURRY d'épices qui aurait davantage pimenté l'atmosphère si la subjugation collective n'était pas déjà à son paroxysme.
Ainsi, CHENILLE du pouvoir du langage, le vaisseau s'éloignait du promontoire au DESIGN religieux. Les élus, réunis en un CABINET d'hypnotisés, observaient, par leur LUCARNE d'admiration, la FUITE de l'engin lunaire que seules des LUNETTES de Kepler auraient maintenant pu différencier de la KYRIELLE d'étoiles ornant la noirceur des cieux.
A l'intérieur du BALCON cylindrique, Molière poursuivait son pamphlet dans une élocution quasi ROBOTIQUE. La FIEVRE déclamative exacerbait sa sensualité psychique. Chaque cellule de son âme semblait enfin exprimer la véritable plénitude post-mortem que l'orgasme lyrique, dont il fut l'auteur, érigeait en achèvement ultime.
D'un seul mouvement, la lueur d'un arc éblouissant jaillit. Et s'éparpillant en JET de lumière dans la voute céleste, Molière disparut en amant magnifique.
(1) : l'auteur vous propose une lecture alternative, avec une belle mise en page, en format "flipbook".